Les écrits ...

Ethymologie : Lanroz , Lean Roz, La colline du religieux

Extrait du recueil "Beg Meil , un peu d'histoire"

par Mr. Jean LE FOLL

 

 

Au cours du Moyen Age, Beg Meil a connu la présence de quelques moines appartenant sans doute à 1' Abbaye de Landevennec, ce qui explique l'existence d'une ancienne chapelle dédiée à Saint Guénolé. Il est probable que les moines se sont d'abord établis dans ce secteur, avant de construire la chapelle Saint Guénolé à proximité du port actuel.

Abbaye de Landevennec


On constate également que toutes les parcelles se sont ensuite réparties entre les différentes exploitations voisines, Kerolland, Penquer, la Presse, Lanros, Le Mur, après le départ des moines.

La chapelle Saint-Guénolé s'élevait au milieu du parc qui s'étend du chemin de La Cale à la villa de Lanros ; la fontaine se trouvait un peu à l'ouest de la chapelle. En creusant les fondations au cours de travaux à Lanros, des ouvriers découvrirent des ossements, témoins de l'emplacement du petit cimetière qui jouxtait la chapelle, sinon de l'intérieur de la chapelle elle- même.

Cette chapelle fut vendue comme bien national le 5 messidor An IV. Une commission d'experts s'était rendue sur les lieux afin d'en fixer la valeur en revenu et en capital, sur le prix de 1790 : "Après avoir examiné le dit bâtiment, les matières de sa construction, sa longueur, largeur et hauteur, son emplacement et sa distribution, les clôtures et issues et mesuré les terrains qui en dépendent, avons reconnu qu 'elle est couverte en ardoise, construite en simple façonnage, qu'elle a ses ouvertures midi et couchant en pierres de taille ainsi que ses fenêtres et vitraux, qu'elle a de long 54 pieds, de large 12 pieds el de hauteur 7 pieds ''

Le revenu en fut estimé 30 Livres : celui des terres sans édifice, des issues à l'est et au sud, du chemin de fréquentation, contenant le tout une corde : 10 sols L'ensemble représentait donc un revenu de 39 Livres 10 sols, soit en capital 548 Livres La chapelle fut vendue le 23 messidor au citoyen Michel Demizit, officier de santé à Quimper. A titre de E comparaison, on peut rappeler que les revenus de Saint Révérend, Saint Sébastien et Saint-lean réunis avaient été estimés 30 Livres 15 sols.

Selon ses dimensions, c'était une petite chapelle basse avec ses 17 m de long, 4 de large et seulement 2 m 50 de haut. Les oblations qu'elle rapportait à la Cure de Fouesnant, 16 livres en 1747, la plaçait après Sainte-Anne (138 L ), Kerbader ( 56 L ), Saint-sébastien (19L ), mais devant Saint Révérend ( 13 L ) et Saint-lean ( 8 L ). Son entretien exigeant trop de frais, elle fut détruite durant la Restauration, ainsi que Saint-lean et Saint R évérend.

Le même Demizit devait acquérir au même moment le manoir de ''Lanros an Press", propriété de l'émigré Ange Joseph de Guemizac, seigneur du Stang. La ferme était alors exploitée par Louis Le Guen ,qui dlevait payer annuellement 10 boisseaux combles de froment, et en outre acquitter toutes les charges tant royales que seigneuriales dues sur le bien, ''la dite ferme concédée en faveur d'un poids de lin de 14 livres à titre de commission.
Le dit Le Guen a aussi déclaré qu 'il payait annuellement un boisseau et sixième, mesure de Concarneau, à la dame Moreau de la ci-devant Seigneurie du Mur, en ' Saint-Evarzec''
, ce qui laisse supposer une Ancienne dépendance envers cette seigneurie. Louis Le Guen payait encore 9 Livres en imposition royale, et 8 Livres pour la dîme.

Ayant mesuré le terrain, les commissaires ont noté que la superficie comprenait : 7 journaux 1/2 de terre chaude, sous pré 1/4 de journal et sous terre froide, 2 journaux 1/2. Cela nous donnerait aujourd'hui au total 5 hectares. L'ensemble fut évalué 121 Livres en revenu et 2.664 Livres en capital. Le citoyen Demizit, qui était soumissionnaire, s'en rendit acquéreur pour cette somme.

Lanros fut, avec la chapelle Saint- Guénolé, le seul bien vendu comme ''bien national" dans le secteur de Beg Meil. Malgré sa faible étendue, il avait une certaine importance, car les limites de terres signalées dans les aveux sous l'Ancien Régime, font toujours référence au ''chemin de Fouesnant à Lanros'' et non de de Fouesnant à Beg Meil. Ce chemin se poursuivait d'ailleurs sous le nom de ''Grand chemin de Lanros à la garenne (ou montagne) de Beg Meil", aujourd'hui désigné sous le nom de ''chemin creux".

Jusqu'à la Révolution, le nom de Beg Meil ne s'est appliqué qu'à l'extrême pointe où s'élève à présent le sémaphore.
Le secteur de Beg Meil était à cette époque essentiellement rural, et si aux abords du port actuel on relevait une petite activité maritime, tous les lieux dits relevaient de l'agriculture.

A proximité de Lanros et en dépendant, un nom de lieu assez curieux : '' La Presse ''. L'un des bâtiments avait un accès direct à la mer. On suppose qu'il fut un temps où l'on y ''pressait'' la sardine. Béchamel de Nointel, dans ses mémoires sur la Bretagne, nous apprend que ''les marchands qui achètent la sardine des pêcheurs quand ils sont de retour de la mer, l'accommodent et disposent par lits dans des barriques que l'on met ensuite sous la presse pour en faire sortir l'huile, car autrement elle se corromprait assez promptement. Le débit s'en fait par barriques, et pendant la paix elles se chargent pour Saint-sébastien, Bilbao, et pour toute la Méditerranée où il s'en fait une grande consommation''

Sardiniers à La Cale
Le bâtiment que l'on aperçoit est il La Presse ?

Nous n'avons trouvé aucun texte relatant cette activité à Beg Meil, mais il est probable que les pêcheurs de La Forêt trouvaient plus commode de débarquer leur poisson à Beg Meil où ils n'avaient pas à tenir compte de la marée, et par ailleurs plus proche des lieux de pèche. Iis s'y trouvaient un peu chez eux, La Presse appartenant au forestois de Guernizac ; le petit cabaret du port était aussi le plus souvent tenu par des forestois.

Les bâtiments et les terres de la Presse s'imbriquaient dans ceux du Penquer Lanros, où quelques maisons étaient occupées par des artisans: Jean Donard était tailleur, Yves Le Guyader charpentier, Marie-leanne Le Gaillard aubergiste. Mais l'exploitation agricole, sous la seigneurie de Kergaradec, en était la partie la plus conséquente. D'après un aveu de 1779,
Corentin Guillou et Madeleine Christien sa femme tenaient Le Penquer Lanros à titre de domaine constable sous dame Marie Françoise d'Esclabissac, veuve de messire Jacques Doudall, chevalier seigneur de Sillerie, ancien Capitaine au Régiment de Brévic, chevalier seigneur de l'Ordre de Saint Louis, avec soumission à la seigneurie de Kergaradec-Bréhoulou.

L'aveu est très détaillé et nous montre une exploitation importante avec des bâtiments nombreux, présentant souvent beaucoup de grosses pierres de taille. Dans l'énumération des terres, nous avons relevé particulièrement celles qui apportent quelques détails sur la chapelle Saint-Guénolé, sans toutefois permettre de la situer avec exactitude :

-''Un courtil nommé Liors ar forn au midi de la cour, contenant 4 cordes 1/2 ayant ses édifices au cerne sauf vis-à-vis du logement, donnant du nord sur le pourpris du dit lieu et de tous autres endroits sur le chemin menant du dit lieu à la chapelle Saint-Guénolé, sans arbres.
- Un verger contenant sous fond 29 cordes, ayant ses édifices au cerne, sauf en partie du midi bout du couchant, et une partie du nord bout du couchant, donnant du midi sur le chemin menant de Saint- Guénolé, la fontaine, et au levant sur le placître de la dite chapelle, du couchant sur terre du Mur, et du nord sur terre aux avouants et en petite sur terre du Mur"

Nous avons encore relevé : - ''par port manec, donnant du levant sur la grève et du nord sur un chemin menant à Saint-Guénolé : - Oarem bras, donnant du levant et midi sur la grève du couchant sur le corps de garde de BegMeil : Les terres s'étendaient donc jusqu'à la pointe.
Au décès de Madeleine Christien (en 1804) l'inventaire s'est monté à 2.862 Livres.

A: Lanros

B: La Presse